Réduire de 90% ses émissions CO2 en valeur absolue sur les scopes 1 et 2 entre 2016 et 2026 : c’est l’ambitieux objectif que Decathlon avait confirmé il y a deux ans, avec la validation de l’initiative Science Based Targets (SBTi). La décarbonation du transport étant une des clés pour le tenir, Decathlon a mobilisé le cabinet Citwell et ses différentes expertises –SC, transport et RSE– afin d’élaborer une stratégie ad hoc articulant la visée globale et les trajectoires pays par pays. « Le challenge a résidé dans cette co-construction à l’échelle de 18 pays pour nos 4 tronçons de transport (international, post acheminement, d’entrepôt à entrepôt, et livraison e-commerce), afin d’établir une feuille de route de décarbonation transport intégrant à la fois enjeux locaux et globaux », souligne Sandra Arnaud, responsable développement durable logistique et transport chez Decathlon. Lancé mi-2022, le projet s’est étalé sur six mois avec quatre étapes structurantes, à commencer par un état des lieux de l’existant et de la maturité des pays, dressé en intégrant les équipes des différentes BU –production, supply chain et retail– et en interrogeant les diverses parties prenantes de la chaine de transport. « Des ateliers de travail avec les pays ont permis d’identifier un ensemble de solutions applicables et adaptables pour accélérer cette transformation », retrace Adeline Bret, manager SC durable de Citwell. Le cabinet a enchainé avec un benchmark géographique et technique pour répertorier des pratiques en pointe sur d’autres territoires ou dans d’autres entreprises. Le 3ème palier s’est ensuite attaché à projeter dans le temps les actions identifiées pour en déterminer l’impact sur la trajectoire locale de décarbonation transport, par exemple en matière de taux de remplissage, de report modal, d’intensité carbone par commande ou d’évolution des volumes transportés... Enfin, une gouvernance de la démarche a été structurée en associant échelon global et coordination régionale / locale. En pratique, cette stratégie repose sur trois leviers directs, le 1er concernant le moyen de transport lui-même via un recours accru au report modal (barges, triporteurs…) et aux énergies alternatives (électrique, biogaz...). Le 2ème touche aux distances parcourues, au niveau des différents canaux de distribution, quitte à repenser le schéma directeur entrepôts, comme en envisageant les possibilités de sourcing local. Le 3ème s’attache au chargement, qu’il s’agisse d’améliorer le taux de remplissage des véhicules ou de massifier encore les expéditions. « En fonction de sa maturité, chaque pays mobilise ces différents leviers en les adaptant », indique Adeline Bret, en précisant que le travail de fond mené avec Citwell est encore mobilisé en appel d’offres. Et des leviers plus indirects sont à l’œuvre, comme de bâtir des relations responsables au sein d’un écosystème comprenant non seulement les fournisseurs, mais aussi des startups ou des universités. MR
Le recours aux énergies alternatives, comme avec Heppner, n’est qu’un des nombreux leviers actionnés au niveau de chaque pays pour contribuer à la trajectoire globale de Decathlon en matière de décarbonation transport. © Thomas Frey