« Out of the table » : c’est la formule qu’a employée le président Macron il y a une semaine lors du sommet Choose France à Versailles pour exprimer son point de vue sur la directive CS3D (Corporate Sustainability Due Diligence Directive), qu’il souhaite voir « écartée » au nom de la simplification et de la compétitivité des entreprises européennes. Il y a quelques mois, dans le cadre du paquet de lois omnibus (voir NL 4145), ces règles de vigilance en matière de respect de l’environnement et des droits humains sur les supply chains des multinationales basées en Europe avaient déjà pris du plomb dans l’aile avec le report d’un an de leur entrée en vigueur, en 2028, et la restriction de leur application aux entreprises de plus de 1.000 salariés et d’un CA supérieur à 450 M€ (environ 5.500 entreprises concernées dans l’Hexagone). De plus, la cartographie des risques avait été limitée aux fournisseurs directs et non pas à l’intégralité de la chaine de sous-traitants. Mais ces aménagements sont visiblement jugés encore trop contraignants pour Emmanuel Macron comme pour le chancelier allemand Friedrich Merz, dans un contexte commercial et géopolitique sous tension depuis l’élection de Donald Trump. Comme si l’urgence économique reprenait la main sur l’urgence écologique et sociétale. En tout cas, si cette « simplification » se confirmait, les directions Supply Chain auront dans leur jeu un atout de moins pour convaincre leur direction générale d’investir fortement dans des moyens de traçabilité et de cartographie de leur chaîne amont, qui leur permettraient pourtant d’accroître leur résilience et leur agilité. Et sans doute leur compétitivité sur le long terme… Jean-Luc Rognon
© S. Trouvé