Elle est annoncée comme la plus importante depuis les accords de Paris lors de la COP 21 en 2015. La 28ème « Conference of the Parties » des Nations Unies sur le changement climatique, qui se tient à Dubaï depuis jeudi dernier, doit d’ailleurs dresser un premier bilan officiel, huit ans après l’engagement spectaculaire de 195 pays à réduire les contributions nationales en émissions de CO2. A l’époque, l’objectif collectif était de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C à l’échéance 2100. Or selon le dernier rapport annuel du programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE), non seulement les émissions mondiales continuent d’augmenter malgré les efforts engagés, mais la trajectoire actuelle nous mènerait plutôt à la fin du siècle à un écart de température global situé plutôt entre +2,5 et +2,9°C. Le seuil des 1,5°C pourrait être atteint dès 2035… Que faire quand les bonnes intentions ne suffisent pas ? Dans les polars hollywoodiens, quand l’interrogatoire piétine, le policier compréhensif et bienveillant cède sa place à son collègue, plus musclé et nettement moins conciliant. Peut-être cela aura-t-il lieu dès aujourd’hui à la COP 28, lors du Trade Day, cette journée où le commerce sera pour la première fois « mis à l’honneur » lors d’une COP. Il s’agit entre autres de tenter d’impliquer l’OMC pour faire évoluer les mécanismes et les règles commerciales internationales, et les utiliser comme des outils au service de la décarbonation des supply chains mondiales. Autrement dit, de chercher par tous les moyens (réglementations, taxes, subventions) à décourager les pratiques non responsables des entreprises à l’égard de l’environnement, à l’image de la réglementation européenne MACF (ou CBAM en anglais). Quant à la « bonne nouvelle » de ce début de COP 28, la concrétisation du fonds pertes et dommages climatique pour les pays vulnérables, je trouve qu’elle traduit aussi le fait que tout le monde s’attend désormais à devoir payer les conséquences désormais jugées inéluctables du réchauffement planétaire. Sauf que le total des promesses d’abondement à ce fonds n’atteint pour l’instant que quelques dizaines de M$, alors que les dommages se chiffreraient davantage en centaines de milliards… Good news, bad news ? Jean-Luc Rognon