TRM Patrice Clos, secrétaire général de FO Transport et Logistique

« Les salariés du transport ne sont pas des pestiférés »

NewsLetter | « Les salariés du transport ne sont pas des pestiférés » | publié le : 30.03.2020

Supply Chain Magazine : Les syndicats FO, CFDT, et CFTC du transport routier appellent les chauffeurs à exercer individuellement leur droit de retrait à partir d’aujourd’hui en cas de manquements aux mesures de protection sanitaire. Votre syndicat avait lancé cet appel la semaine dernière, puis l’avait retiré après les annonces d’une série d'engagements de la part du gouvernement. Que s’est-il passé depuis ?

Patrice Clos : Nous nous apercevons aujourd’hui que ce que nous avions demandé, que ce soit pour les routiers ou sur les sites logistiques, n’a pas été mis en application. C’est ce qui nous conduit, avec d’autres syndicats, à appeler à un droit de retrait des salariés du transport et de la logistique.

SCM : Quelles ont été les avancées en la matière depuis le début de la semaine dernière ?

P. C. : Il y a eu des ouvertures de parkings sur les autoroutes, ça oui. C’est la seule chose positive. Pour le reste dans les stations, les sanitaires ou les douches sont certes ouverts mais ne sont pas nettoyés, donc vous imaginez un peu… Et au niveau de la restauration, il y a beau avoir plein de points bleus sur la carte de Bison Futé, dans les faits quand les routiers s’y rendent ils constatent que le restaurant ou le centre sont restés fermés. Voilà la réalité. Vous savez, nous avons beaucoup de témoignages d’épouses de routier qui pleurent au téléphone, qui craignent de savoir leurs maris sur la route dans des conditions lamentables, ou ne savent pas si elles doivent les laisser embrasser leurs enfants de retour à la maison. Il y a tout cela derrière.

SCM : Dans votre communiqué commun, vous mentionnez le fait que « les clients ne respectent pas les conducteurs à la juste mesure ». Pouvez-vous nous éclairer sur cette phrase ?

P. C. : Je vous donne juste un exemple qui date de ce matin, sur un site logistique Danone. À l’entrée du local d’accueil des chauffeurs, un panneau en grosses lettres indique qu’il est interdit à tout conducteur d’utiliser les wc, lavabos et douches, et même la machine à café. On retrouve cela partout, chez tous les clients. Les salariés du transport ne sont pas des pestiférés. En matière de logistique, la problématique c’est qu’il y a beaucoup de cadres en télétravail ou confinés dans leurs bureaux. Or ce sont eux qui devraient faire respecter les gestes barrières sur les sites, ce qui fait que les salariés se retrouvent livrés à eux-mêmes.

SCM : Où en est le guide des bonnes pratiques en transport et logistique ?

P. C. : Nous travaillons encore dessus, il y a une réunion prévue ce soir en conf-call à 18 h.

SCM : Vous précisez dans le communiqué que cet appel au droit de retrait individuel concerne les transports « non essentiels ». Mais comment définissez-vous ce qui est essentiel ? La filière agroalimentaire et l’emballage font-ils partie de cette catégorie, par exemple ?

P. C. : Bien sûr, nous savons que le carton d’emballage pour l’agroalimentaire fait partie de ce qui est essentiel, de même que les élastiques pour fabriquer les masques, pas de soucis là-dessus. Mais transporter des brouettes, des vélos, des scooters ou des canapés, en cette période, ce n’est pas essentiel. Nous étions déjà en pénurie de main d’œuvre avant la crise, que ce soit en transport ou en logistique. Aujourd’hui, si je prends juste la logistique, nous en sommes à 30% d’absentéisme, tout compris (maladie, droit de retrait ou garde d’enfants). Si demain nous utilisons toute nous ressources humaines pour faire tout et n’importe quoi, à un moment donné on va se retrouver dans une situation où même pour l’essentiel on y arrivera plus !

SCM : Qu’attendez-vous de la part de l’État ?

P. C. : Nous demandons les mêmes protections que les urgentistes, et que l’État prenne ses responsabilités en réquisitionnant ce qu’il y a à réquisitionner (aires de repos, stations-service, restaurants routiers). Sur les stations d’autoroutes, ce sont à 90% des indépendants qui opèrent, même s’ils travaillent pour de grandes enseignes. Ils nous disent qu’ils ont perdu 90% de leur CA et que rester ouverts leur fait perdre de l’argent, ce que je conçois, mais on ne peut pas faire tourner le transport sans les structures adéquates qui vont avec. Nous demandons la réquisition, comme cela a été fait en Espagne, et où cela fonctionne bien. Ils ont réquisitionné les autoroutes et les structures, et ont mis en place 600 points de distribution destinés aux routiers pour les équiper en masques, gants ou gel désinfectant.

Propos recueillis par Jean-Luc Rognon

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