On l’a appris la semaine dernière de son actuel propriétaire le Groupe Rocher, Petit Bateau est sur le point d’être cédé à l’investisseur californien Regent. Ce projet qui fait actuellement l’objet d’une procédure de consultation du personnel a pour ambition « d’insuffler une nouvelle dynamique de croissance » à la célèbre marque de prêt-à-porter pour enfants. Rappelons qu’au début de l’été un autre fleuron textile également basé dans l’Aube, Le Coq Sportif, a été repris par l’entrepreneur franco-suisse Dan Mamane. Mais les deux cas sont très différents. Contrairement au Coq Sportif, Petit Bateau n’est pas en difficulté financière, et a même renoué avec la croissance l’année dernière. Engagée fin 2019, sa stratégie de transformation Supply Chain vers plus d’agilité, de réactivité, de Made in France mais aussi de rentabilité, a semble-t-il porté ses premiers fruits. De nouveaux circuits d’appros ont été trouvés, les lead times ont été réduits et jusqu’à 30% des collections sont produits en cours de saison –notamment en France, mais aussi au Maroc– à la lumière des premières ventes sur Internet, avant même l’implantation en magasins. Mais ce beau succès n’a guère pesé dans la balance, puisque la décision du Groupe Rocher de vendre Petit Bateau relève d’une stratégie de recentrage sur ses activités en cosmétiques, comme annoncé en janvier dernier. On ne peut qu’avoir un petit pincement au cœur, même si l’américain Regent a déjà à son actif la relance d’une autre grande marque française, Dim. Pas forcément au détriment du Made in France d’ailleurs : en 2023, deux ans après ce rachat par Regent de Dim Brands International, la production de 19 M de paires de collants était relocalisée sur son site d’Autun en Saône-et-Loire (qui en produisait déjà 60 M de paires). En revanche, si on se place du point de vue allemand, l’usine de sa marque Nur Die qui assurait cette production outre-Rhin a dû fermer ses portes. Du côté de Beverly Hills, je ne suis pas sûr que le Made in France ou le Made in Europe revêtent autant d’importance que de notre point de vue. Mais j’espère me tromper ! Jean-Luc Rognon

© S. Trouvé